Applications et médias sociaux au quotidien
Twitter est le premier endroit où je peux trouver les dernières infos et évolutions
Le docteur Philippe Aftimos est oncologue à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles et dans son travail de recherche, il met souvent les dernières technologies numériques en application. Les applications, les sites web et les réseaux sociaux font partie intégrante de la pratique quotidienne du docteur Aftimos.
« Jusqu’à récemment, de nombreux outils existaient uniquement sur ordinateur de bureau », remarque le docteur Aftimos, « mais heureusement, j’ai dernièrement pu avoir accès à de plus en plus d’outils depuis mon smartphone. C’est très commode de pouvoir utiliser toutes sortes de calculatrices sur le terrain. C’est également très pratique de pouvoir accéder à toutes sortes d’informations, comme par exemple des lexiques pharmaceutiques qui peuvent fournir des informations à jour sur les interactions médicamenteuses. »
« L’une des applications que j’utilise fréquemment est CTCAE (Common Terminology Criteria for Adverse Events, ou critères de terminologie standards pour les événements indésirables) qui a été mise au point par l’Institut national du cancer aux États-Unis, et qui classe toutes sortes de toxicités dans les événements indésirables.
Chaque réaction indésirable est notée, et cette application facilite grandement l’évaluation d’une situation médicale et sa classification appropriée. »
« Sur mon téléphone, je me sers également souvent d’une application qui dresse la liste des directives officielles sur le traitement du cancer de l’ESMO (la Société européenne d’oncologie médicale). Et puis, il y a un certain nombre d’applications qui répertorient les doses adéquates de médicaments en chimiothérapie ; elles sont utiles, mais n’ont rien d’unique ou de novateur. »
« D’importantes publications comme The Lancet sont de nos jours proposées avec une application, ce que je trouve assez utile. Il en va de même pour les applications liées de manière spécifique à des congrès, comme celui de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology, ou Société américaine d’oncologie clinique) tous les ans aux États-Unis. Sur ces applications, vous pouvez trouver le programme du congrès avec la liste de toutes les sessions. Vous pouvez même suivre une vidéo diffusée en direct si vous ne pouvez pas assister à l’événement en personne. »
Je tweete de manière assez active depuis les congrès auxquels j’assiste
« Je dois admettre que j’utilise en effet les réseaux sociaux, et je veux à ce propos mentionner Twitter en particulier. Il ne s’agit évidemment pas d’une application médicale en tant que telle, mais elle est utilisée par de nombreux professionnels au sein de la communauté médicale. Elle me permet d’accéder à toutes sortes d’informations venant de spécialistes du monde entier, et Twitter est le premier endroit où je peux trouver les dernières infos et évolutions.
De plus, il est agréable d’être en contact avec des confrères du monde entier, qui effectuent le même type de recherche, et que je n’ai pour la plupart jamais rencontrés en personne. Je tweete de manière assez active, par exemple depuis les congrès auxquels j’assiste. » « Et puis, il existe un certain nombre d’outils informatiques et de sites web qui ne sont pas disponibles en tant qu’applications, du moins pas encore. Je pense par exemple à www.clinicaltrials.gov, qui partage les dernières informations concernant les essais cliniques. Il y a aussi des bases de données très utiles qui traitent de la recherche génomique, comme le COSMIC Genome Browser. Je visite aussi le site oncokb.org tous les jours, car il offre un aperçu très dynamique des mutations cancéreuses. »
Je me rends aussi sur le site oncokb.org tous les jours, car il offre un aperçu très dynamique des mutations cancéreuses
« Comment est-ce que j’imagine l’avenir ? Je pense que de plus en plus de ces technologies deviendront intégrées. Toutes les applications mises au point ne sont pas utiles cependant. IBM a lancé une version spéciale pour l’oncologie de son outil Watson qui était censée aider les médecins à identifier rapidement les informations clés dans le dossier médical d’un patient, à mettre en évidence les indications pertinentes et à examiner les traitements possibles. Mais je n’ai pas été convaincu car il ne semblait y avoir aucune intégration entre l’application et les essais cliniques en cours, les découvertes sur la génomique et la pratique oncologique la plus récente. Qui sait, peut-être que cette application s’améliorera à l’avenir. »
BE/ONCO/0918/0069b